JE N’AI PLUS MES RAGNAGNAS – Mais quel bonheur ! Combien de femmes rêveraient de ne plus avoir ses ragnagnas dès l’âge de 20 ans. C’est sûr que ça a plutôt des avantages sur certains points : pas de douleurs au ventre, le copain n’a plus à supporter les crises de nerf, plus besoin de se rendre compte le matin même qu’on n’a plus de tampons… C’est clair, parfois c’est une vraie galère.
Mais la raison du pourquoi je n’ai plus mes ragnagnas est un peu moins fun. J’ai décidé d’en parler aujourd’hui dans le but de sensibiliser et d’informer. Je suis atteinte de la maladie de l’endométriose. Endoquoi ? dise la plupart des gens. L’endométriose est une maladie gynécologique qui touche environ 10% des femmes (14 millions d’Européennes) et pourtant elle est très peu connue dans le monde médical ainsi que chez les femmes.
Pour vous expliquer simplement, l’endomètre est la muqueuse qui se désagrège lors des ragnagnas. Cela produit les saignements qui s’écoulent normalement par le vagin. Mais quand on a l’endométriose, le sang va venir se stocker sur différents organes et cela va produire des nodules et des kystes. Les nodules peuvent se former sur n’importe quel organe. On parle souvent des ovaires, des trompes, du colon, de la vessie. Dans mon cas, les nodules sont venus s’installer de l’intestin jusqu’au diaphragme, ce qui peut provoquer des pneumothorax. Tous ces nodules provoquent des douleurs insupportables, chroniques à tel point que l’endogirl (femme atteinte d’endométriose dans le jargon du net) ne peut plus vivre une vie normale.
Les arrêts de travail, les antalgiques très forts, les contractions, les vomissements, évanouissements, les douleurs pendant les rapports et j’en passe, font qu’une endogirl n’aura jamais une vie sereine.
Et oui, il n’y a pas de remèdes efficaces pour guérir cette maladie. Cette maladie peut entraîner l’infertilité. Beaucoup de femmes doivent passer par les fécondations in vitro si elles veulent avoir la chance de tomber enceinte.
Qu’est-ce qu’on nous répète depuis des générations ? « C’est normal d’avoir mal pendant ces règles ». A cause de cette phrase désolante, les femmes atteintes d’endométriose doivent attendre en moyenne en 8 et 10 ans pour avoir un diagnostic.
Mon cas était un peu particulier. En effet, j’avais mal à l’épaule pendant mes ragnagnas. Étrange, le lien n’est pas facile à établir. Et oui, les nodules positionnés sur mon diaphragme me faisaient mal à l’épaule pendant des semaines à chaque cycle au point de ne plus en pouvoir en dormir. Je suis passée par de la kiné, de l’ostéopathie, des radios, plusieurs gynécos, plusieurs médecins généralistes. Une gynéco m’a même dit un jour « Mais il n’y a aucun lien entre l’épaule et les ragnagnas ». J’avoue que mon cas est très rare, ce qui fait que je dois même expliquer parfois à des médecins ce que j’ai. Mais j’ai quand même souffert 3 semaines par mois pendant deux ans, et ce n’est pas rien.
Une endométriose se diagnostique généralement par une IRM. Aucun traitement ne correspond réellement à l’endométriose. Les médecins font des compositions de médicaments pour stopper le développement de la maladie. Pour ma part, j’ai un traitement qui sert normalement pour l’acné ou la chute de cheveux. De manière générale, les traitements fonctionnent même si les effets secondaires sont souvent présents. Certaines prennent du poids, d’autres n’ont plus de libido, et d’autres encore sont extrêmement fatiguées. Certains traitements mettent même des jeunes femmes sous ménopause artificielle par des injections de GNRH. L’opération peut aussi être envisagée. Chaque opération est différente en fonction de l’organe atteint. Elle se déroule la plupart du temps par cœlioscopie, une chirurgie mini invasive. Elle permet d’être debout assez rapidement.
Dans le meilleur des cas, l’endométriose ne récidive pas. Pourtant ce n’est généralement pas le cas. Une prise en charge rapide des endogirls est importante. Si votre fille, votre sœur, votre cousine, se plaint d’avoir très mal au ventre pendant ses règles, une consultation vaut mieux que des antalgiques à vie et le risque de ne jamais avoir d’enfants.
Photo à la Une « l’endométriose est une maladie invisible qui touche 14 millions d’Européennes » © Photo All Right Reserved